Aux lendemains de la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 24 mars et à la
veille de la cérémonie officielle d’investiture du Président élu, la COSYDEP salue l’issue du processus ayant
consacré l’élection du Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, le plus jeune président au Sénégal,
depuis l’indépendance. En effet, dans un pays où 75% de la population ont moins de 35 ans et qu’une
personne sur deux a moins de 19 ans, l’éducation et la formation deviennent incontestablement les
premières priorités, l’élément transformateur de tout processus et le levier principal de réalisation de
toute offre programmatique.
L’observatoire de l’élection sous le prisme de l’éducation mis en place par la COSYDEP salue le génie du
peuple sénégalais qui s’est encore manifesté en trouvant les moyens de sortir avec brio de la situation de
crise découlant de la préparation mouvementée de la dite élection. L’observatoire a jeté son regard sur
l’élection en vue de mieux apprécier le comportement du secteur, d’analyser les offres programmatiques
en matière d’éducation et d’accompagner l’engagement des élèves primo-votants, qui représentent 2/3
de la population des lycées. L’observatoire indique que 52,6% des faits observés ont porté sur le
comportement des primo-votants ; 15,8% sur le comportement des coalitions des candidats et 13,2% sur
les incidents.
L’observatoire a magnifié les diverses contributions citoyennes dont celles de la COSYDEP en termes
d’études sur le phénomène de la violence en milieu scolaire, d’accompagnement technique de structures
éducatives ou politiques, de participation à des activités de différentes plateformes citoyennes,
d’intensification du programme ‘‘Education Civique et Electorale – Lycée Modèle du Civisme et de la
Citoyenneté’’, d’organisation de sessions d’échanges à partir de regards croisés d’experts et avec les
candidats sur leurs ambitions pour l’éducation.
Les résultats de l’observation ont permis de :
a. Relever que le scrutin s’est globalement bien déroulé, avec des populations qui sont massivement
sorties pour exprimer leur volonté ; des jeunes et des primo-votants qui y ont participé sans
violence ;
b. Constater que la majorité des candidats place l’humain au centre de leur programme et accepte
que le capital humain est le levier fondamental de tout développement ;
c. Noter la faible proportion de jeunes dans le fichier électoral (800 000 soit 13% alors que les moins
de 35 ans constituent 75% de la population).
Si le processus électoral a été par moment angoissant, son issue recrée l’espoir chez les populations, en
particulier les jeunes. Le Sénégal a ainsi servi une leçon au monde entier sur la vitalité de sa démocratie
et la grandeur de son peuple. La COSYDEP félicite les organes de gestion des élections, reconnait la qualité
des offres des différents candidats en matière d’éducation et leur manifeste sa sympathie pour tous les
efforts consentis. Elle souhaite un prompt rétablissement au Candidat Mahammed Boun Abdallah
DIONNE dont l’état de santé a nécessité son évacuation à l’étranger à la veille du scrutin.
Considérant que le programme proposé par le candidat victorieux ouvre d’intéressantes perspectives
pour l’éducation, l’observatoire de l’élection sous le prisme de l’éducation a formulé un certain nombre
de recommandations à l’endroit des nouvelles autorités :
- Engager la refondation du système d’éducation et de formation. Cette action devrait s’appuyer sur
l’évaluation de la mise en œuvre des programmes, réformes et autres innovations (PAQUET, ANEF, CNAES,
UVS, LMD). Ce processus de refondation sera adossé à la demande des communautés et à la vision
souverainiste soutenue par le nouveau Président. Il prendra en compte les langues nationales, le non
formel, les daara, l’éducation inclusive, la formation professionnelle, la petite enfance, le numérique, la
restauration des valeurs, la problématique de l’insertion et de l’emploi. Cette refondation doit déboucher
sur un nouvel organigramme assurant la cohérence et l’efficacité des interventions dans le secteur.
2. Construire un plan consensuel du secteur qui traverse les régimes politiques. Il s’agit de disposer d’un
plan de développement durable de l’éducation et de la formation qui traverse les régimes politiques et
porte la vision d’un Sénégal à long terme. Dans ce sens, il sera nécessaire de dépolitiser l’administration
scolaire, de garantir la déconcentration en responsabilisant davantage les académies, de préserver
l’éducation du jeu des acteurs politiques, de renforcer la protection des enfants, de planifier l’effectivité du
droit à l’éducation de qualité pour tous, sans exception et tout au long de la vie.
3. Renforcer la résilience du système d’éducation et de formation. Il s’agira de mettre aux normes les lieux
d’apprentissage. Dans cette perspective, il sera nécessaire de garantir leur salubrité et leur sécurité, avec
des toilettes fonctionnelles, un approvisionnement correct en eau, la résorption des besoins en supports,
infrastructures, personnels enseignants et de soutien
4. Accorder plus de place et de responsabilité aux jeunes et aux communautés. Il s’agira d’impliquer
davantage les jeunes et les communautés dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi des politiques
éducatives, à travers leurs organisations (gouvernement scolaire, Comité de Gestion d’Ecole, etc)
5. Revaloriser l’offre publique d’éducation et assurer la régulation de l’offre privée. Il s’agira de rendre
l’éducation publique plus attrayante, plus accessible, plus performante et moins couteuse avec des
infrastructures durables et des équipements performants. L’on devra aussi veiller à ce que l’offre privée
soit cartographiée et respectueuse des textes législatifs et réglementaires.
6. Optimiser les ressources. Il s’agira de promouvoir des modes d’utilisation efficace et efficiente des
ressources humaines et financières. Cela suppose un renforcement de la formation initiale et continue des
enseignants de même que la mise en place de méthodes de déploiements plus rationnels fondés sur les
besoins réels. Des think tank composés d’enseignants à la retraite devraient être promus et valorisés.
Concernant les ressources financières, il conviendra de promouvoir le financement endogène
conformément au principe de souveraineté et d’en garantir une répartition équitable qui donne plus de
ressources aux sous-secteurs longtemps sous dotés que sont les daara, le non formel et la petite enfance.
Au total, l’observatoire réaffirme que l’éducation sénégalaise a besoin d’être transformée sur les plans de
son organigramme, de sa finalité, de ses offres, de ses curricula, de ses cycles, de son pilotage et de sa
gouvernance. Elle doit être en adéquation avec les aspirations des communautés.
Relever ces différents défis permettra de créer des emplois, de produire des hommes et des femmes
qualifiés, suffisamment aptes à faire face aux exigences que posent le changement climatique, la sécurité
alimentaire, sanitaire et environnementale, la transformation qualitative des politiques sociales et de
l’économie nationale, …
Excellente fête de l’indépendance 04.04.24
L’Education, Notre Parti – La COSYDEP s’engage
Fait à Dakar, le 01 avril 2024